Indépendamment de la responsabilité individuelle: l’erreur est humaine, c’est bien connu. Comment le BPA gère-t-il ce problème?
S. Siegrist: D’une part, nous agissons sur les comportements. Adresser le bon message au bon groupe cible a déjà un impact. D’autre part, nous misons sur la prévention structurelle, dont les effets s’inscrivent généralement sur du plus long terme. L’erreur humaine n’est pas une simple faiblesse de caractère. Elle résulte souvent de capacités limitées chez l’individu, d’où la nécessité d’instaurer un cadre aussi sûr que possible. Il convient aussi d’exploiter pleinement les possibilités techniques qui nous sont offertes. Par exemple, l’aide au freinage d’urgence permettra de désamorcer une situation dangereuse créée par la distraction au volant. Notre but est de décharger au maximum les individus au lieu d’essayer de modifier leur comportement fautif à grands frais.
T. Steffen: La prévention structurelle demande beaucoup de temps et de ressources, mais elle se révèle en général plus efficace et plus durable. Ainsi, l’interdiction de fumer dans les restaurants a des effets considérables sur la santé. J’ai participé à un projet sur la prévention structurelle, à Bâle, qui visait à réduire l’obésité infantile. Parallèlement à l’information, nous avons surtout concentré nos efforts sur l’instauration d’un environnement adéquat. Les jardins d’enfants ont été réaménagés de façon à favoriser l’activité physique spontanée. En outre, les boissons sucrées et les pizzas proposées dans les écoles aux distributeurs et aux stands durant les récréations ont été remplacées par des snacks diététiques. La voie vers un mode de vie sain doit toujours être la plus simple pour que la prévention fonctionne au mieux.
S. Siegrist: Je suis tout à fait d’accord. Néanmoins, la voie plus saine peut parfois sembler assez rébarbative durant la phase transitoire. Par exemple, j’aurais du mal à regarder une série télévisée intitulée «Les pros de la prévention». Je lui préférerais des séries dans la veine de «Secours en montagne» ou «Emergency Room», qui promettent beaucoup plus d’action. La prévention peut aussi être perçue dans les premiers temps comme une entrave à la qualité de vie. Je pense au casque de vélo, accusé de défaire la coiffure. Quoi qu’il en soit, une seule chose compte: que les personnes comprennent les bienfaits de la prévention.
T. Steffen: Sachant que l’être humain aime les habitudes, une communication franche et transparente pourra aider à abattre les obstacles. J’avoue que parfois, durant la pandémie, j’ai aussi trouvé pénible de porter un masque et je ne m’en suis pas caché. Pour autant, cette mesure était importante, justifiée et utile.